Poésie
Chaunes
Le paradis des filles
Ils s’envolent les vieux tabous
qui faisaient peur à nos ancêtres
On n’invoque plus à genoux
le pardon de quelque vieux prêtre
On vit mieux sans seigneur ni maître
On ne croit plus au loup-garou
Les plus sages sont les plus fous
L’enfer a fait place au bien-être
Mais le paradis nous plaisait
et quel bonheur dans les nuages
comment faire sans Il venait
à point nommé Vivre sans lui
depuis que tous nos dieux ont fui
ce sera dur même à notre âge
Puisqu’il ne reste plus d’oracles
depuis que la foi chancela
d’anges de saints ni de miracles
pour nous guider vers l’au-delà
puisque à paraître Dieu renâcle
attendons-nous à la débâcle
Tout vole déjà en éclats
Chaunes
Le paradis des filles
Qu’elle était belle alors l’histoire
que la France se racontait
Mais maintenant de toute gloire
revenue elle erre et se tait
n’ayant que des trous de mémoire
Des fantômes qui l’habitaient
elle a banni du territoire
les souvenirs qui l’agitaient
De la chimère et du panache
et du style qu’on en avait
C’était un brin parfois bravache
mais l’élan était bien le nôtre
Demain des temps nouveaux qui sait
quel visage auront les apôtres
Elle a vécu dès son enfance
au paradis des illusions
cette fille qui fut la France
depuis notre Révolution
Elle a vécu dans l’innocence
sans résister aux tentations
Gavroche avec impertinence
l’entraînait aux profanations
Elle partait bonnet en tête
les seins à l’air sous les vivats
et le peuple lui faisait fête
Déesse ou pute elle avait fière
allure et sa figure altière
en imposait dans les combats
Depuis la paix Marianne brille
beaucoup moins Sa prédilection
pour le chahut et la bisbille
limite un peu son champ d’action
Mais la France était bonne fille
On lui pardonne ses passions
Elle a souvent été gentille
en dépit des occupations
Chaunes
Le paradis des filles
Et toi poète où iras-tu
Connaîtrais-tu ailleurs des îles
pour échapper aux imbéciles
En reste-t-il En as-tu vu
jamais une qui fût fertile
une qui n’ait pas disparu
une île au soleil loin des villes
dont tu ne serais pas déçu
Où irais-tu vivre poète
quel Tahiti t’accueillerait
une Arcadie est-elle prête
Quelle Asie ou Amazonie
accueillerait la poésie
et au fond de quelle forêt
Où sont partis nos Orients
et nos Japons et nos Mexiques
nos Arabies nos Afriques
envolés de nos inconscients
Le monde est devenu méfiant
Tu ne verras plus tes tropiques
ces lieux lointains et souriants
aux cocotiers si sympathiques
La Société des Poètes Français a été fondée en 1902, par José-Maria de Hérédia, Sully Prudhomme et Léon Dierx, tous trois de l’Académie française, à l’occasion de la célébration du premier centenaire de la naissance de Victor Hugo.
Elle a été reconnue d’Utilité Publique en 2003 sous la présidence de Vital Heurtebize.
L'actuel Président est Jean-Charles Dorge.
CONTACT
Permanence téléphonique
mardi et jeudi de 15h à 18h
01 40 46 99 82
ADRESSE
16 rue Monsieur le Prince
75006 Paris